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Joäo Gilberto "O pato"
Pyrène & Yan Samson
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Un texte de Pyrène à Yan Samson écrit en 1997
Fallait-il qu'elle soit amoureuse...
Yan Samson
L’Icoglan des façades ou le ravaleur d’orichalques
Qu’elles soient pavées de damiers ou de stries, désertes ou fréquentées, obscures ou ensoleillées, les villes de Yan, toujours sont les alcôves de la pensée, l’idéation pure où passeraient les vies humaines.
Le pinceau y ruelle les pigments à la façon du viticulteur relevant la terre contre le cep et formant ainsi des petits chemins dans ses champs ; les sillons de la ligne bâtissent un territoire libre et ludique où le regard se promène amoroso comme celui du voyageur avide d’exotisme. Villes fortifiées, villes ouvertes, villes franches, villes lumières, villes saintes, villes éternelles.
Finalement, plutôt que "ville " qui vient du mot latin villa et qui avait le sens de métairie ou de maison de campagne, on pourrait employer le terme de métropole correspondant au polis des Grecs ou mieux, celui de cité, latin civitas.
Cités-jardins, citadelles avec redans, courtines, poternes, enceinte d’octroi, pavages, ponts, arches, colonnades, balustrades, estacades, phares, canaux, fenêtres, ogives, joailleries aux airs d’orfèvreries, temples, mosquées, palais endormis du Bosphore entre les bras de la mer de Marmara, bulbes, coupoles acuminées vers des ciels de mirador, veillent sur une humanité toujours présente. La vie est là, derrière ces murs où l’éclat de la couleur clame la stridence des marchés, où la sensualité des affleurements du pinceau avoue la luxuriance des idylles cachées.
Dans les cités de cet artiste, pas de querelles de clochers, pas de troupes en manœuvre, pas de cortèges funèbres, pas d’abattoirs ni de poteaux indicateurs mais surtout le réseau de nervures des passions humaines retenues entre le lin et la pâte lisse ou griffée par le manche du pinceau. Quelques chœurs, parfois quelques sentinelles coiffées d’un casque d’ardoise…
Aventure spirante que celle de ce peintre architecte, polychromique qui demande à la couleur autant qu’ont demandé les ingénieurs à la brique crue séchée au soleil pour l’édification des palais sumériens au IIIème millénaire avant J.C.
Sa palette semble sortie d’une tombe royale d’Ur, avec ses ruissellements de cornaline, de calcaire rouge, d’or ou de lapis-lazuli.
La peinture de Yan est prétexte au renouvellement des trésors de Cérès ainsi qu’à la prolifération d’orichalques toujours plus chatoyants. Avec ses œuvres de maturité à la mâture bretonnante, le peintre nous entraîne tel un navarque sur son navire-tangueur, là où verticalité et horizontalité ne veulent plus rien dire.
Pyrène H.Py